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COVID-19 : les bouleversements des centres-villes de l’Ouest canadien

20 novembre 2020 | IJL

La pandémie a particulièrement affecté les commerces des centres-villes de l’Ouest en raison de l’absence d’employés, d’étudiants et de touristes. Par contre, certaines régions réagissent mieux que d’autres. Les difficultés actuelles laissent entrevoir de nouvelles formules d’affaires et d’aménagements urbains qui permettront de relancer l’activité économique et d’assurer la qualité de vie des résidents une fois la pandémie passée.

Marie-Paule Berthiaume
Initiative de journalisme local – APF – Ouest

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) mettait en lumière, en août dernier, par voie de communiqué, la difficulté des petites et moyennes entreprises (PME) des centres-villes à retrouver un chiffre d’affaires pré-pandémie.

La FCEI produit un Baromètre des affaires mensuel sur l’indice de confiance des entrepreneurs canadiens et sur leurs perspectives à l’égard du climat économique. Chaque mois, la FCEI publie également un Tableau de suivi de la santé des PME dans le cadre de sa campagne #JechoisisPME.

La Saskatchewan en contrôle

Selon la vice-présidente de la FCEI pour l’Ouest canadien, Marilyn Braun-Pollon, la Saskatchewan se distingue des autres provinces puisque la reprise économique des zones rurales et urbaines est similaire. Le Baromètre, explique-t-elle, dénote que les PME ont « une longue pente à remonter, mais qu’elles sont tout de même optimistes quant à une reprise éventuelle ».

Le directeur général de Downtown Saskatoon, Brent Penner, abonde en ce sens. Il donne en exemple Saskatoon qui s’en sort plutôt bien avec une population modeste d’environ 245 000 habitants qui conjugue avec des édifices à bureaux ne dépassant pas 20 étages et son rôle majeur auprès des petites communautés de la province.

Marilyn Braun-Pollon indique tout de même qu’« il est préoccupant que de nouvelles restrictions aient été mises en place, le 6 novembre, à Regina, Saskatoon et Prince Albert. On peut s’attendre à ce qu’un fossé se creuse entre les zones rurales et urbaines dans les prochaines semaines. »

L’Alberta au ralenti

Selon la directrice des affaires provinciales pour l’Alberta à la FCEI, Annie Dormuth, sa province, en récession depuis cinq ans, accuse les « pires indicateurs de reprise économique du pays, malgré le peu de restrictions imposées aux entreprises ». La situation, ajoute-t-elle, est particulièrement « difficile » au centre-ville de Calgary, ébranlé par l’exode des grandes entreprises du secteur des ressources naturelles.

Annie Dormuth indique qu’à ce rythme, les petites entreprises prendront en moyenne un an et cinq mois à se remettre sur pied. Elle prévoit cependant une reprise beaucoup plus périlleuse pour le secteur de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme, sujet à des restrictions imprévisibles en provenance du secteur de la Santé.

« Les restaurants et les hôtels, que l’on retrouve pour la plupart dans les centres-villes ou les agglomérations urbaines, indiquent qu’il leur faudra en moyenne huit ans pour se rétablir au rythme actuel de la reprise économique », relève-t-elle. « En général, on ne s’attend pas à ce que les entreprises des centres urbains aient du mal à trouver des clients. Mais avec des bureaux vides au centre-ville et la disparition du tourisme international, ces entreprises sont vraiment mal en point et risquent davantage de fermer définitivement. »

Une Colombie-Britannique confiante

Selon l’analyste politique principale pour la Colombie-Britannique à la FCEI, Muriel Protzer, le Baromètre a bien récupéré depuis le début de la pandémie. Les chefs d’entreprises se montrent optimistes quant à l’avenir de leur entreprise.

Elle insiste cependant que les coûts liés au loyer et aux autres frais fixes ont été difficiles à honorer pour les PME depuis la pandémie. Selon elle, certaines ont même vu l’aide au loyer refusée pendant la pandémie, alors qu’elles y avaient droit.

Elle lance le même message au gouvernement que sa collègue albertaine. « La FCEI attend avec impatience la mise en œuvre de la nouvelle Subvention d’urgence du Canada pour le loyer et continue de plaider pour que les entreprises, admissibles au programme précédent, puissent bénéficier d’une aide rétroactive », mentionne-t-elle.

La directrice du programme d’études urbaines de l’Université Simon Fraser, Meg Holden, prévoit un développement important au centre-ville de Vancouver qui présente beaucoup d’attraits assurant déjà une présence résidentielle vivante. De son côté, le directeur général de l’Association des entreprises du centre-ville de Victoria, Jeff Bray, indique que les données liées au bien-être économique du centre-ville de la capitale présentent un début de novembre à peu près typique.

Un retour à la « normale » différent

Meg Holden donne en exemple Oakridge, un énorme projet de redéveloppement immobilier. « On vient de soumettre une demande pour augmenter le taux d’occupation de l’espace à bureaux de ce grand projet de près de 400 000 pieds carrés, dit-elle. C’est une marque de confiance dans la mise en place de nouvelles habitudes et de façons de travailler qui changeront les bureaux, mais ne les supprimeront pas. »

Brent Penner donne en exemple une grande entreprise technologique qui a choisi, avant la pandémie, d’agrandir dans le centre-ville de Saskatoon. Il confirme que cet employeur prévoit toujours accueillir 225 employés supplémentaires dans ses bureaux au cours des trois prochaines années. « La création d’une culture d’entreprise est difficile à réaliser si tout le monde travaille à domicile et n’interagit jamais avec les autres en personne […], sans compter les défis technologiques liés au télétravail », précise-t-il.

« Ce à quoi nous pensons, en termes de modèle de bureau traditionnel, ne sera pas nécessairement ce qui constituera les immeubles à bureaux de l’avenir. Ce sera différent et beaucoup plus holistique. Pas seulement un bureau, un restaurant et un commerce de détail. Ça pourrait ressembler davantage à un bureau, une épicerie, un studio de yoga et un logement », conclut la directrice générale de la Faculté du commerce de détail de l’Université de l’Alberta, Heather Thompson.

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